26/03/2011

Yakuzas et Tsunami

Cela peut paraître surprenant vu de l’extérieur, mais les groupes mafieux japonais, qu’on appelle les yakusas, fournissent une aide massive aux sinistrés du séisme et du tsunami qui se sont produits le 11 mars. Jake Adelstein, un expert du crime organisé au Japon, rapporte que, quelques heures après le séisme, des groupes de yakusas, la mafia japonaise, ont mis des locaux à disposition des personnes qui ne pouvaient quitter Tokyo et ont envoyé des camions remplis d’eau potable, de nourriture, de couvertures et de matériel de survie dans les régions dévastées par le tsunami. Un groupe mafieux a même porté secours à des non-Japonais, ce qui peut étonner dans ce pays connu pour être relativement xénophobe.

Certains de ces camions remplis de provisions ont circulé sur routes secondaires dans les zones contaminées par de hauts niveaux de radiation, alors que les convoyeurs ne portaient ni masque, ni combinaison de protection, et ne disposaient pas de comprimés d’iode. Mais les yakusas se sont bien gardés de mentionner l’origine mafieuse de cette aide, de peur qu’elle soit refusée par les sinistrés. Lors du tremblement de terre de Kobe en 1995, la mafia japonaise avait déjà été au premier rang de l’aide humanitaire. Cette aide était bien sûr financée par de l’argent obtenu en rançonnant pendant des années la population de la région dévastée par le séisme. Il s’agissait donc probablement, au moins en partie, d’une opération de relations publiques.

Selon Jake Adelstein, il y aurait une espèce d’accord tacite entre la police et les groupes de yakusas, selon lequel on tolère qu’ils fassent de l’humanitaire en temps de crise, à condition qu’ils restent discrets et ne cherchent pas à faire de la publicité autour de cette action. Il explique également que, dans le code d’honneur qui est en vigueur dans la mafia japonaise, une règle veut qu’il faille « aider les faibles et les défavorisés tout en combattant les puissants ». Même si dans la pratique les yakusas exploitent souvent les plus faibles. Lorsqu’une telle catastrophe touche brutalement la société japonaise, toutes les aides sont les bienvenues.

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