A voir les pratiquants impeccablement alignés, avec leurs kimonos immaculés et leurs hakamas dans un silence impressionnant, à contempler les longs saluts cérémonieux, on se croirait revenu à une autre époque, dans un autre lieu. C’est du moins ce que pense le spectateur non initié. Pour lui, l’Aïkido semble englué dans le passé, la tradition. Un art martial, certes, mais de quelle utilité en cas de conflit, à l’heure de la bombe et de la mitraillette ? Ramener l’art martial à l’efficacité défensive est une erreur qui dénature la discipline.
Face aux agressions du monde moderne dans tous les domaines : bruits, concurrence, pouvoir de l’argent, agitation, environnement, atteintes corporelles, etc., l’Aïkido propose une autre solution que l’écrasement du plus faible : construire un homme à la force sereine, sans agressivité, mais prêt à réagir grâce à son équilibre mental, corporel et relationnel.
Le but n’est pas la compétition, la victoire sur l’adversaire, mais la mise à l’épreuve de soi-même et de l’aptitude à remonter la pente pour retrouver l’équilibre un instant menacé.
C’est le sens même de la chute. Toujours tomber et toujours se relever.
Se connaître soi-même et s’améliorer, sans violence. C’est la raison pour laquelle l’Aïkido peut convenir à tous : enfants, hommes, femmes, personnes âgés.
Aïkido et Seniors débutants
Ayant lancé depuis peu l’Aïkido pour les seniors grands débutants (certains débutent à plus de 70 ans), j’ai été fasciné par le changement qui s’est opéré. Face aux rieurs qui comprennent mal cette démarche, Maître TAMURA, que je suis fidèlement, a répliqué "On peut pratiquer l’Aïkido de la petite enfance à la mort".
Au lieu de se recroqueviller, les anciens se redressent (shizei), ils osent à nouveau sortir, entreprendre (irimi) et adopter leurs comportements à l’environnement en un coup d’oeil (ma aï).
Je ne sais s’ils auraient une grande efficacité combative, mais je sais qu’ils développent là une forme fondamentale de la martialité dans la vie quotidienne.
Peu importe le point d’arrivée, ce qui compte, c’est le chemin parcouru depuis les débuts en Aïkido.
Se connaître soi-même et se modeler pour progresser, c’est paradoxalement, par le respect le plus total de la tradition, de reisiki et la répétition systématique des mouvements que le transfert s’opère et permet d’aborder sereinement les agressions de la modernité.
– le cortex (l’intellect)