La dernière venue d’Allen Pittman en Belgique a donné lieu à trois soirées de cours.
Les stages de semaine sont toujours un peu difficiles pour moi car il y a les cours à assumer au Dojo et je n’ai donc pu participer qu’à une seule séance.
Par chance, celle-ci portait sur un aspect de l’enseignement d’Allen que j’avais très envie de découvrir, à savoir la Danse des Amazones.
Evidemment, certains ont vu ma participation à ce cours et y ont donc été de quelques commentaires rigolos, s’imaginant peut-être que je portais un tutu ou un pagne pour me livrer à quelques pas dansés mystérieux et un peu sorciers 🙂 .
Il n’en est vraiment rien, si ce n’est les pas…
Mais qui étaient les Amazones?
Les Amazones, filles d’Arès par la Nymphe Harmonia, étaient un peuple de femmes guerrières, toutefois certains auteurs pensent qu’Aphrodite était leur mère, ou encore Otréré, fille d’Arès.
Elles vivaient, au début, au bord du fleuve Amazone appelé également Thermodon, leur ville principale était Thémiscyre (ou Thémiscyra), actuellement en Turquie au bord de la Mer Noire, cela n’a donc rien à voir avec le fleuve Amazone coulant en Amazonie.
Il porte aujourd’hui le nom de Tanaïs, fils de l’Amazone Lysippé, qui offensa Aphrodite par son mépris du mariage et son amour de la guerre.
Pour se venger, Aphrodite fit que Tanaïs tomba amoureux de sa mère; mais, plutôt que de se laisser aller à une passion incestueuse, il préféra se jeter dans le fleuve et se noya. Lysippé, pour échapper aux reproches de son ombre, conduisit ses filles non loin des côtes de la mer Noire, jusqu’à une plaine proche du fleuve Thermodon, qui prend sa source dans les hautes montagnes de l’Amazonie, et là, elles formèrent trois tribus qui fondèrent chacune une cité.
Les Amazones ne reconnaissaient de filiation que par la mère et Lysippé avait instauré une règle qui astreignait tous les hommes à faire les tâches domestiques, tandis que les femmes combattraient et gouverneraient.
En conséquence, on brisait les bras et les jambes des enfants mâles ou on les rendait aveugles afin de les rendre inaptes à la guerre ou aux expéditions. Ces femmes, que les Scythes appelaient Oeorpata, ne respectaient ni la justice ni la pudeur, de plus elles se mutilaient un sein pour ne pas être gênées quand elles tiraient à l’arc. Elles étaient célèbres pour leur nature guerrière, et elles furent les premières à utiliser la cavalerie. Elles étaient armées d’arcs de bronze et utilisaient des boucliers courts en forme de demi-lune; leurs casques, leurs vêtements et leurs ceintures étaient en peaux de bêtes sauvages.
Il s’agit ici d’un mythe mais peut-être tiré de peuplades réelles et composées de femmes guerrières vivant en matriarcat. Il y a peu, un chercheur allemand et un archéologue ukrainien ont entrepris une campagne de fouilles linfructueuse sur les amazones. Jusqu’à ce qu‘une tombe soit mise au jour dans la steppe ukrainienne. Elle contenait le corps d’une femme ensevelie avec un impressionnant arsenal d’armes. Les analyses sur les ossements ont par ailleurs révélé qu’il s’agissait d’une personne habituée aux pratiques guerrières. Cette découverte encore isolée pourra peut-être permettre de lever un coin du voile sur ce peuple légendaire.
Pourquoi la Danse des Amazones?
Il y a une vingtaine d’années, un groupe de mères a demandé à Allen d’enseigner des techniques de self défense à des jeunes filles qui seraient à même de devoir se défendre dans des endroits inhospitaliers. Il a donc mis au point cette méthode et l’a nommée ainsi en souvenir de ces guerrières redoutables.
Elle fait partie intégrante de la Sagesse du Corps et en constitue le troisième niveau qui se divise en deux branches distinctes : la Danse des Amazones et la Voie des Héros. La première est spécialisée dans ses formes et sa pédagogie à l’intention des femmes, la seconde est orientée à l’intention des hommes. Cette séparation est due aux différences morphologiques entre le corps de la femme et celui de l’homme qui entraînent des applications différentes mais les deux séquences peuvent aussi bien l’une que l’autre être étudiées par les pratiquants des deux sexes. Cette Danse des Amazones consiste en une succession de neuf postures symbolisant chacune une divinité féminine issue de différentes mythologies. Ces symboles se révèlent puissants et permettent de fixer facilement les schémas corporels dans la mémoire à long terme. Le but de la Danse des Amazones est de préparer le corps et l’esprit au travail avec partenaire. Chaque posture s’intègre par imitation et à partir de la deuxième posture, les transitions entre les postures peuvent être étudiées. Positions, appuis, équilibre, relâchements sont autant de facteurs à prendre en compte dans l’étude posturale. Une fois la dynamique des transitions bien acquise, l’ensemble des neuf postures et leurs mouvements intermédiaires composent une chorégraphie fluide qui mérite à elle seule une analyse approfondie. Le souci du détail et la recherche personnelle sont nécessaires pour s’approprier ces neuf phases (Description tirée en partie du site du Togishi Dojo).
Déroulement du stage et ressenti personnel
La séance a débuté par la Sagesse du Corps au sol et des mouvements exécutés de façon assez rapide et non approfondie. Nous nous trouvons très vite dans le vif du sujet.
L’étude de la première posture qui s’avère être à la fois une représentation de divinité et en même temps un geste tiré des techniques d’assassins. On monte les mains sans tensions musculaires et celle ci- se place à hauteur des yeux ou de la gorge de l’attaquant avec l’idée de pique. Un peu comme si on portait un plat et qui pouvait masquer un poignard.
Cette première posture est utilisée contre un étranglement à deux mains de face avec quelques variantes comme passer au dessus des avant-bras, amener une main sur l’autre en ayant passé sous les avant-bras.
On peut également l’utiliser sur une attaque arrière et à plusieurs niveaux, l’idéal est de s’entraîner dos contre un mur.
Vu qu’il s’agit d’une méthode destinée à des personnes plus petites ou à des enfants, une autre variation est faite sur l’étranglement en passant un bras au dessus des bras d’uke et de tourner le buste. Là, le tori s’accroupit ou se met à genoux pour être bien plus petit que son partenaire.
Etude également d’une frappe simultanée à la tempe et un peu sous l’aisselle (à mon idée au point Rate Pancréas 21). J’ai l’occasion de tester avec Allen et me retrouve un peu sonné par cette combinaison.
La deuxième posture est un déplacement de côté avec l’idée d’attraper un bébé tombant d’un toit, elle est utilisée là sur un étranglement latéral. On contrôle également le coude de l’attaquant tout en le percutant ou en utilisant un coup de pied.
La troisième posture est un mouvement tiré du Bagua. Lors d’une saisie arrière de l’épaule par exemple, le tori frappe vers l’arrière paume ouverte en avançant même jambe que le bras. Ceci dans le but de pouvoir fuir.
Une variation est que après la frappe, on peut pivoter pour revenir vers le partenaire et passer à une application technique type Lutte ou Aikido.
La quatrième posture se déroule avec le partenaire à côté (comme si nous attendions le bus…). Sur une saisie latérale, tout le corps entre en action avec une jambe qui passe devant ou derrière et l’épaule qui percute tout le corps de l’attaquant.
La cinquième posture permet d’attraper la jambe d’uke après l’avoir déséquilibré par une légère poussée latérale. Le geste fait qu’il n’y a aucune utilisation de la force.
Epilogue
Comme à chaque rencontre, un excellent moment avec Allen qui (je me répète) est un vrai puit de savoir et distille dans ses cours nombre d’anecdotes, de conseils notamment sur la santé ou l’alimentation ou de faits historiques.
J’ai beaucoup apprécié cette approche de technique « féminine », cela m’a fait voir pas mal d’aspects d’un autre oeil.
Prochaine Master Class en février 2016, à ne pas rater!