Longtemps, les maîtres étaient plus âgés. C’est vrai, lorsque nous allions voir Tamura Sensei, Sugano Sensei et d’autres , ils avaient tous cette aura de le sagesse de l’âge avancé et étaient pour nous de vrais Senseis ( celui qui est né avant).
Et il est vrai, dans une certaine logique, que celui qui est né avant sera plus…âgé et sera donc notre maître à vie mais pas tout le temps pour tout le monde.
Et les plus âgés, les anciens, méritent notre respect et pas seulement dans l’entraînement. Ce que j’ai toujours eu à leur égard même si leur pratique ne m’intéressaient pas trop. Et parfois, je vois sur le net des critiques envers des maîtres dont certains à 80 ans sont toujours sur le tatami, à dispenser leur savoir partout dans le monde. Critiques venant souvent de jeunes pratiquants avec quelques années de tatami, ce qui est pardonnable mais à l’heure où tout se lit, tout se sait, cela les desservira plus que cela ne les servira.
Nous avons tous été jeunes et ne dit ont pas qu’il faut que jeunesse se passe.
Peut-être un jour comprendront-ils le respect…
Maintenant, on peut avoir diverses sensations sur le long chemin de la vie.
Les idées ne restent pas statiques et tout évolue
Quand j’avais moins de vingt ans, les maîtres de plus de trente ans me paraissaient inaccessibles.
Quand j’avais trente ans, je trouvais que les professeurs de plus de quarante ans avait une certaine sagesse et je buvais leurs paroles comme prophétie.
Quand j’ai eu quarante ans, je trouvais que les enseignants de cinquante ans avaient un bon niveau…technique et parfois en sagesse.
Arrivé maintenant à cet âge et même un peu plus, je me rends compte qu’en fait…je ne suis pas si sage et qu’ils ne devaient pas l’être trop non plus :-).
Et étrangement, depuis quelques années, ma pratique se trouve influencée par des enseignants plus jeunes, le chemin à l’envers??? Crise de la cinquantaine de l’Aïkido, des budos???
Le hasard veut que je croise des enseignants plus jeunes que moi et pas seulement dans l’Aïkido mais aussi dans le Yoga et dans le Qi Gong où une de mes professeures a l’âge de ma fille et pourtant à mes yeux, elle est ma Sensei.
Elle n’est pas « née avant » mais est avant moi sur la voie de cet art.
On peut y voir également une façon de rester jeune car nous restons dans une énergie plus proche du début que de la fin tout comme en donnant cours aux enfants, nous restons quelque part en contact avec notre propre enfance.
Tout le monde évidemment ne partage pas cette vision.
Et lorsque je croise, par hasard, des anciens compagnons de route et que les questions sont « Qui suis-tu maintenant » et que ma réponse est un tel ou autre, les regards se font lourds et les paroles « hein, mais il est plus jeune que toi? » ou « tu devrais suivre un tel, ce sera bien pour tes grades! »
Bon, les grades, je ne suis pas attiré par cela et l’Aikido n’est-il pas en perpétuelle évolution? Ne peut-on pas introduire de nouveaux concepts?
N’y a-t-il pas eu d’autres « jeunes » qui ont fait avancer l’art et l’ont même révolutionner, je pense ici à Tissier Shihan que beaucoup vilipendaient lors de son retour du Japon avant de se rallier à son travail.
Personnellement, si je n’avais pas rencontré certaines personnes, j’aurais arrêté purement et simplement pour me tourner vers un autre art martial.
Maintenant, je suis heureux dans ce que je fais, Aikido ou pas? je n’en ai cure mais je garde le nom pour ma pratique.
L’école qui m’influence le plus, le Kishinkai, regroupe un grand nombre de jeunes et nous ne sommes pas très nombreux à être « les vieux » sur les tatamis.
Il y beaucoup moins de cérémonial, nous allons voir des amis en stage et pas des grades, nous allons voir des personnes que nous apprécions et pas des noms à afficher sur les cartes de stage, c’est une autre dynamique
J’espère juste que les jeunes ne s’embêtent pas trop avec nous…les plus vieux…
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