Notre ami Jean-Marc apprécie de venir en Belgique en juin, pas une très bonne période pour les stages, les gens étant déjà en vacances…et ce 14 juin encore plus, pensez-donc…les examens scolaires, la fête des pères et la grande brocante annuelle…
Néanmoins, contre toute attente, nous étions 16 sur le tatami (même Sybille et Frédérik ;o)) pour suivre ce stage donné en mémoire de Gil Pham Trong, le meilleur ami de notre hôte et avec qui il partageait cet amour inconditionnel des budos. A nouveau, un stage très intéressant, même si il différait, à mon humble avis, du concept de polissage vu l’an passé. Ici, j’ai trouvé qu’il y avait un thème que nous avons bien développé, celui-ci était en l’occurrence « Tegatana », littéralement la « main-épée » et les positions inhérentes à ce travail indispensable à l’Aïkidoka.
Travail à nouveau démontré de façon originale, par exemple en tant qu’uke, poser une main sous la gorge et se relever en travaillant au maximum les hanches pour être directement en position tegatana d’attaque menuchi.
J’ai également bien apprécié les exercices proposés en partenariat avec Ivan Bel sur le même thème, l’utilisation du tegatana lorsqu’il s’agit de déplacer un partenaire pas trop conciliant, dans le premier, uke est inconscient, on essaye de le soulever en force, quasi impossible…en glissant le bras épée sous la nuque cela devient d’une facilité déconcertante. Un autre ou uke est ventre au sol en position défense judo , on glisse un bras sous le bras et un autre sous l’aine ou sous la jambe et on a l’impression de bouger une plume…un à trois, un partenaire à quatre pattes sur lequel uke vient s’asseoir les mains croisées devant lui, on pose le bras et on arrive à le bouger comme une once de son. Le dernier ou uke est debout ramenant le bras vers lui poing levé, impossible de bouger en force, en tegatana et en tournant l’avant bras uniquement (le coude reste en place), paume vers le bas, le pouce montrant la direction du centre, cela se passe tout en légèreté…
L’accent est mis sur un élément crucial, toujours garder les coudes au plus près du corps, ne pas décoller les bras, au point de vue énergétique, le ki ne s’écoule pas par les doigts mais par les aisselles ce qui fait perdre une grande partie de l’énergie utilisée lors de l’accomplissement technique.
Bokken sur la même idée d’extension, un exercice intéressant ou on se trouve en garde pour avancer tout droit sans dévier sur six « coupes » :
1. Piquer sur la droite, pied droit devant
2. Passer à gauche en avançant pied gauche et « chasser » le bokken adverse.
3. Avancer en coupant le poignet (kote), pied droit devant
4. Piquer vers la gorge, toujours pied droit devant
5. Couper au niveau gauche (carotide), pied gauche devant.
6. Couper au niveau du talon d’Achille en prenant le centre, pied droit devant
Outre le côté « extension », nous essayons de marcher avec légèreté, un peu comme si on avait des fourmis sous les pieds (souvenir « oursin » ;o)), pas facile quand on a des dizaines d’années de tsugi ashi appuyé et enfoncé dans les lymphes…
Une application jo contre bokken vient étayer notre recherche « extensive », Tori est est en shizentai avec le jo relâché, une main en honte, une autre en gyakute, uke attaque en men uchi, contrôle en partant vers la gauche, le jo bloquant le bokken au niveau de la tsuka, le bras en tegatana permettant de contenir la poussée. Ensuite, la même séquence mais tori contrôle en ramenant le bokken devant uke et en contrôlant son bras.
Continuité en bokken, avec menuchi et parade en contrôlant le poignet d’uke, le tout en harmonie (awaze), ensuite la même entrée mais tori change ses hanches au dernier moment et coupe au niveau de la gorge.
Nous retrouvons ce développement sur menuchi, on contrôle par l’idée d’atemi comme sur uchikaiten sankyo, l’autre main passe au dessus du bras d’uke, l’avant bras tourne en gardant le coude en place, on projette par un effet d’estoc vers la gorge du partenaire.
Un stage sortant de l’ordinaire avec moult précisions anatomiques et énergétiques venant de quelqu’un qui se perfectionne de jour en jour, pas juste des techniques boum-boum ;o), vraiment dans la continuité de ce que nous suivons avec Léo, Fabrice, Alain et tous les autres qui nous font l’honneur de leur visite.
L’occasion aussi de revoir Ivan Bel, mon « binôme » organisateur et d’avoir l’honneur de pouvoir longuement travailler avec Daniel De Decker, chercheur insatiable qui avec plus de 47 années de pratique est toujours là à mordre les tatamis…que des bons conseils…
Gil, plongé dans sa verte retraite, a du bien sourire de nous voir travailler…en souriant…