Il y peu notre ami Léo Tamaki a publié un post narrant des affrontements visibles sur le net et mettant en scène différents styles de combat. Quelques commentaires relataient les exploits des spartiates, farouches guerriers que l’on rattache à l’histoire de la Grèce ancienne. Ne connaissant pas trop le sujet, je me suis lancé dans une petite recherche et j’ai trouvé cette narration sur l’éducation des combattants spartes, le moins que l’on puisse dire est, qu’à humble avis, peu de peuples cultivaient une telle idée de la formation martiale…Même pas au Japon ou il existe les légendes d’enlèvement d’enfants pour les transformer en Ninja d’élite mais cela n’a jamais été prouvé. Et dire que certains se plaignent quand les enfants sont un peu poussés au-delà de leurs limites ;o))
« Manifester un esprit hardi et belliqueux, supporter sans sourciller la plus grande douleur corporelle, endurer la faim et la soif, le chaud, le froid et la fatigue, fouler nu-pieds le plus mauvais terrain, porter le même vêtement l’hiver et l’été, supprimer toute manifestation extérieure de sentiments, et montrer en public, quand l’action n’était pas exigée, un maintien réservé, silencieux et immobile comme une statue, voilà quelles étaient toutes les vertus d’un jeune Spartiate accompli. Souvent on opposait deux troupes égales l’une à l’autre pour combattre (sans armes) dans le petit espace en forme d’île appelé le Plataniste, et ces luttes étaient poussées, sous l’oeil des autorités, jusqu’à la dernière limite de la fureur. Ils ne mettaient pas non plus dans leur rivalité moins d’obstination à supporter sans murmurer les cruelles flagellations infligées devant l’autel d’Artemis Orthia, traitement que l’on supposait être très agréable à la déesse, bien que parfois il se terminât même par la mort du patient, qui ne faisait entendre aucune plainte. Outre les divers genres de luttes gymnastiques, les jeunes gens étaient formés à des danses choriques en usage dans les fêtes des dieux, danses qui contribuaient à leur donner des mouvements méthodiques et harmonieux. On encourageait la chasse dans les bois et les montagnes de la Laconie, comme moyen de les endurcir à la fatigue et aux privations. La nourriture fournie aux jeunes Spartiates était à dessein insuffisante, mais on leur permettait de compléter ce qui manquait non seulement en chassant, mais encore en dérobant tout ce qu’ils pouvaient saisir, pourvu qu’ils ne se laissassent point prendre sur le fait, auquel cas ils étaient sévèrement châtiés.
Il faut se rappeler, pour comprendre la raison d’être de ces institutions extraordinaires, quelle était la position de Sparte au milieu des populations de la Laconie. Les Spartiates proprement dits tenaient sous leur dépendance un certain nombre de villes voisines, dont les habitants étaient réduits à la condition de sujets (les périoekes) ; et ils avaient en outre des serfs, les ilotes, qui cultivaient pour eux la terre ou étaient employés au service domestique. La communauté Spartiate formait, par rapport au reste des Laconiens, une véritable aristocratie ; pour maintenir son pouvoir, il lui fallait s’assurer une grande supériorité militaire : tel était le but de cette rigoureuse discipline qui, saisissant le Spartiate à sa naissance, endurcissait son corps aux fatigues, pliait sa volonté à l’obéissance passive, l’assujettissait à des repas communs, lui enseignait à mépriser les discussions de l’agora et les arts qui charmaient les autres Grecs, et faisait de lui une sorte de sauvage brutal, taciturne, sournois, cruel, parfois héroïque.
L’enfant n’avait droit à la vie qu’à la condition d’être d’un tempérament robuste et sans difformités. Sur la sentence du conseil des anciens de la tribu, le nouveau-né déclaré trop faible était mis à mort. Jusqu’à l’âge de sept ans, l’enfant restait auprès de sa mère, qui le laissait jouer en liberté, l’habituant seulement à ne pas craindre les ténèbres ou la solitude, à se montrer indifférent quant au choix des aliments, et cherchait à développer la vigueur de ses membres.
A sept ans, le jeune garçon était enrôlé dans la troupe (agélê), formée par toute la jeunesse de Sparte, et que dirigeait un maître ou paidonome désigné par les éphores(les cinq éphores — c’est-à-dire les «surveillants » — étaient des magistrats qui exerçaient un pouvoir absolu et pouvaient même faire emprisonner les rois et les condamner à mort). Les enfants composant la troupe logeaient, en commun dans des espèces de casernes, où ils étaient entretenus aux frais de l’Etat. Ils étaient divisés en trois classes, comprenant les âges de sept à douze, de douze à quinze, et de quinze à dix-huit ans. Chaque classe se subdivisait en groupes appelés ilê ; à la tète de chaque ilê était placé un ilarque, jeune homme plus âgé que ses compagnons, qui servait de lieutenant au paidonome. Tout citoyen, en outre, était autorisé à réprimander et à punir les enfants qu’il trouvait en faute ; s’il eût négligé de le faire, il se serait exposé à être puni lui-même.
De l’âge de sept ans à celui de douze, le jeune garçon, dont les cheveux étaient coupés courts, et qui devait marcher nu-pieds en toute saison, n’avait d’autre vêtement qu’une tunique. A douze ans, la tunique était remplacée par un manteau, pièce carrée de drap, qui devait durer une année avant d’être renouvelé. Les enfants couchaient sur un lit de paille ou de foin, sans couverture, et plus tard (depuis l’âge de quinze ans) sur des roseaux secs qu’ils devaient aller arracher eux-mêmes au bord de l’Eurotas. Sous la direction de l’ilarque, les jeunes garçons se livraient aux exercices gymnastiques, qui leur étaient enseignés avec méthode. Ils débutaient par apprendre à courir et à nager ; puis venaient divers exercices destinés à fortifier les bras ; puis les jeux du pentathle, comprenant cinq « combats » : la course, le saut, la lutte, le jet du disque, le jet du javelot. Le pugilat et le pancrace (combinaison du pugilat et de la lutte) n’étaient pas admis, parce que ces exercices, fort en honneur dans d’autres cités, pouvaient avoir pour conséquence de défigurer ou d’estropier ceux qui s’y livraient, et que par conséquent ils étaient plus nuisibles qu’utiles. Les évolutions militaires et le maniement des armes formaient aussi, dans les deux classes supérieures, une partie importante de l’enseignement.
La danse, non point entendue au sens moderne du mot, mais désignant un exercice à la fois religieux et militaire, jouait un grand rôle à Sparte. Les jeunes gens apprenaient à exécuter en cadence, aux sons de la musique, divers mouvements rythmiques, entre autres les figures de la pyrrhique, une danse guerrière. On sait que, dans certaines fêtes, la population tout entière de Sparte exécutait des danses mêlées de chants : les vieillards, les hommes d’âge moyen, les jeunes gens, les matrones, les vierges étaient répartis en différents choeurs: et les rois eux-mêmes chantaient et dansaient à la place qui leur était assignée, sous les ordres du chorège. Il était donc important de former les enfants à un art qui occupait tant de place dans la vie publique.
La musique, naturellement, était aussi cultivée : les enfants apprenaient à chanter et à jouer de la cithare. Les Spartiates avaient repoussé obstinément les innovations et les perfectionnements que des musiciens du cinquième siècle (avant l’ère chrétienne), Phrynis et Timothée, avaient introduits dans l’art musical : ils conservaient religieusement l’ancienne cithare à sept cordes, et s’en tenaient à l’emploi du mode dorien, dont lés sept notes étaient ré, mi, fa, sol, la, si, ut.
Les Grecs, on le sait, distinguaient dans l’éducation deux branches, la gymnastique et la musique, l’une exerçant le corps, l’autre cultivant l’esprit. A Athènes, le mot musique avait été entendu dans son sens le plus large : il désignait tout ce qui vient des Muses, et comprenait non seulement la poésie, mais la grammaire, la rhétorique, la géométrie, l’astronomie, etc. A Sparte, au contraire, on s’en tint au sens le plus étroit ; tandis que des soins extrêmes étaient donnés à l’acquisition des avantages corporels, l’enseignement de quelques chants était en général tout ce qu’on accordait aux besoins intellectuels. Peu de Spartiates savaient lire et écrire, parce que ces connaissances ne faisaient pas partie du système général d’éducation ; beaucoup d’entre eux savaient a peine compter ; leurs idées ne s’élevaient pas au-dessus du cercle étroit où les enfermait leur existence cloîtrée ; ignorants, mais plus forts sur le champ de bataille que les autres Grecs, ils se croyaient en droit de mépriser tous ceux qui ne leur ressemblaient pas.
Le côté moral, cependant, n’était pas négligé, et la façon dont on s’y prenait pour inculquer aux enfants les sentiments en honneur parmi les citoyens constituait une des parties les plus remarquables du système d’éducation. Après le repas du soir, raconte Plutarque, le jeune chef qui dirigeait un groupe ou ilê posait à ses élèves des questions destinées à former leur jugement. « Quel est, leur demandait-il, le plus honnête homme de la ville? Que pensez-vous de telle action? » La réponse devait être précise et motivée ; ceux qui parlaient sans avoir réfléchi étaient châtiés. En outre, les enfants étaient admis à assister, mais sans y prendre part, aux repas communs des citoyens, afin de profiter des conversations qui s’y tenaient.
Lorsque le jeune Spartiate avait atteint l’âge de dix-huit ans, son éducation était loin d’être achevée ; il avait encore un temps presque aussi long à passer sous la discipline du paidonome avant de devenir un citoyen émancipé. De dix-huit à vingt ans, il était placé dans la classe des adolescents ; à vingt ans, il passait dans celle des irêns, ou jeunes gens ayant le droit de parler. Les irêns logeaient dans des casernes comme les enfants, et exécutaient régulièrement des exercices gymnastiques et militaires sous la direction du paidonome et de cinq surveillants préposés à chacun des cinq quartiers de la ville. A trente ans seulement, l’irên était licencié, pouvait quitter la caserne, se marier, et entrait dans le service militaire actif. Les jeunes filles Spartiates étaient soumises à une éducation physique analogue à celle des jeunes gens : les exercices gymnastiques, la course, la lutte, leur étaient aussi imposés. Contrairement aux habitudes des autres cités grecques, les deux sexes étaient constamment mêlés, tant dans les exercices journaliers que dans les cérémonies publiques ; et il en résultait une vive émulation. Une fois mariée, la femme Spartiate vivait dans une liberté très grande, formant un contraste marqué avec la rigoureuse discipline qui pesait sur les hommes.
Et dire que l’on pensait que "300" n’était que du cinéma…