Kono Yoshinori Sensei était en Belgique la semaine passée pour deux soirées coincées entre plusieurs pays. Deux soirs vraiment intenses organisés avec mon ami Robert sous la houlette de Léo Tamaki et même si la foule n’était pas celles des grands soirs, ce fut plus qu’intéressant pour les participants.
Contrairement à sa première visite, Kono Sensei nous a beaucoup fait travailler et ce dès l’entame, sans échauffement quelconque.
Kono Sensei est un chercheur permanent, ce qu’il montre un jour va évoluer à sa prochaine visite car il réfléchit sans cesse à la meilleure façon de réaliser le geste.
Il nous a d’ailleurs dit assez souvent qu’il avait changé sa manière de faire depuis juin 2010. Il est dificile de décrire ses mouvements car parfois cela paraît simple mais s’avère bien complexe.
Néanmoins, je vais tenter de partager divers éléments :
La patte du tigre :
Je pense que c’était l’élément qu’il voulait vraiment nous faire passer, nous l’avons d’ailleurs travaillé sans relâche les deux soirs. Cela a certainement un autre nom en japonais mais c’est ce que la traduction donnait (aussi la suprise du tigre). Ici, il s’agit d’un travail des doigts et de la main, un peu comme on le voit dans certains arts chinois ou dans le Kabuki. Ces positions augmentent grandement la stabilité et la « résistance » à toute force, par exemple dans les attaques « ushiro » ou « morote dori ».
Vraiment perturbant à appliquer et cela fonctionne, on ne sait pas trop comment. Les positions de doigts varient suivant le geste et la saisie, exemple : doigts en éventails, doigts en patte de canard. On peut aussi utiliser tous les doigts sans le pouce comme par exemple dans le jeu de contrebasse ou pour prendre des verres…
Flottement :
Le flottement est un des autres éléments primordiaux abordés. Je n’ai toujours pas compris comment Sensei arrivait à un tel état de relâchement.
Travail aux armes :
Sensei a démontré, comme à son habitude, le travail au katana. Tellement précis et rapide que les yeux ne peuvent suivre le geste, je me disais « fixe un point du sabre et tu verras bien quelque chose » mais je n’ai rien vu, il était d’un côté du jo et puis de l’autre côté de façon inexplicable à mes yeux. Nous avons travaillé le bokken en application sur le « flottement « et également sur un exercice de « rengainé ».
Je l’avais déjà écrit, Kono Sensei excelle dans toutes les armes, il nous en a encore fait la démonstration avec la naginata et le jo dans un maniement différent de ce que nous avons l’habitude de faire.
J’avais déjà entendu parler et lu sur la capacité du lancer de Shuriken de Kono Sensei mais lorsqu’il s’est exécuté, à la demande d’un des stagiaires, ce fut un grand moment, une précision millimétrique dans le lancer. Plus tard, au restaurant, il nous sortira de sa veste quelques exemplaires de cette arme pas très commune.
En dehors du tatami :
Evidemment, se promener avec Kono Sensei est une aventure singulière car sa tenue ne passe vraiment pas inaperçue. Il s’intéresse vraiment à tout et de nous faire visiter quelques magazins comme une coutellerie (étonnant…), un magazin de décoration dans lequel le vendeur n’en croyait pas ses yeux et Kono Sensei de lui expliquer qu’il porte un Kimono de…70 ans cousu à la main millimère par millimètre avec une petite aiguille et que plus personne ne peut réaliser cela à l’heure actuelle.
Comme sa pratique, en fait, plus personne ne pratique plus comme cela, le budo véritable…