Lors d’un stage Hauts Grades à Bras, une question fut posée à Tamura Senseï sur la différence des positions de pieds entre l’Aïkido et les arts martiaux chinois.
La réponse donnée avec quelque humour, fut que la Chine était un pays plat et le Japon un pays de montagne. Cette réponse a amené à penser aux niveaux logiques de G. Bateson qui se décrivent ainsi :
Nous vivons tous dans un environnement auquel nous devons nous adapter pour survivre. Les composantes de cet environnement sont physiques (mer, montagne, mégalopole, etc), sociales (famille unie, solitaire, quartier surpeuplé ou petit village de campagne) et historiques (temps de guerre, de famine ou d’abondance). Pour survivre, nous allons élaborer des comportements qui nous permettront d’obtenir de l’environnement ce dont nous avons besoin ou envie (les besoins pour la survie, l’envie pour le "luxe").
Pour avoir ces comportements, nous devons développer des capacités. Ainsi, si l’environnement se trouve être la brousse, au milieu d’une petite tribu, les capacités de vitesse à la course (pour fuir ou chasser) peuvent être déterminantes. La même capacité pour un cadre d’une multinationale installée à Zurich peut être négligeable.
Pour exercer ces capacités, nous devons avoir des croyances qui nous permettent de développer ces capacités. Pour qu’un sportif puisse réaliser une performance, il doit croire que cela est possible. Pour reprendre l’exemple de la brousse, si un guerrier se trouve face à un lion, il peut ne pas utiliser une capacité comme la vitesse à la course pour s’échapper parce qu’il estime qu’en tant que guerrier, il doit affronter le danger et ne pas fuir. Ainsi les croyances peuvent faciliter ou réprimer nos capacités et même nous amener à ne pas prendre en compte notre environnement. L’ensemble de nos croyances doit s’harmoniser en un tout cohérent, qui constitue notre identité. En effet une croyance qui ne serait pas compatible avec notre identité, serait rejetée, rejetant par là-même les capacités et les comportements qui lui sont associés.
Senseï a donc donné une réponse qui se situe au premier des niveaux logiques. Bien sûr d’autres réponses existent aux autres niveaux : Telle position des pieds permet tel type de déplacement ou de frappe (niveau des comportements), ou bien telle position des pieds favorise la souplesse, la puissance ou l’élégance de la technique (niveau des capacités), ou bien encore telle position des pieds détermine telle demarche qui montre l’appartenance à une classe de la société ou l’assurance du guerrier (niveau des croyances), ou pour terminer, un guerrier japonais ne peut se sentir bien qu’avec cette position des pieds (niveau de l’identité).